Les écologistes sont profondément inquiets de la nouvelle crise des filières d’élevage et alertent sur les réponses court-termistes qui risquent d’être apportées. La crise est profonde : Ce sont 37% d’élevages laitiers qui ont disparu entre 2000 et 2010, et 11,7% de progression des redressements et liquidations judiciaires entre 2013 et 2014.
Les choix successifs des politiques agricoles confortent un type d’agriculture spécialisé, industrialisé et tourné vers l’export. De plus, la fin des outils de marché comme les quotas laitiers, décidée au niveau européen, risque d’entrainer la fin d’un élevage aujourd‘hui réparti sur tous nos territoires.
Derrière ces chiffres, qui ne peuvent décrire toutes les difficultés, nous n’oublions pas que ce sont des femmes et des hommes qui souffrent, pris dans l’étau du ciseau des prix toujours en leur défaveur.
Quelles leçons allons-nous tirer de ces crises à répétition ? Nous ne pouvons nous satisfaire de gérer, une fois de plus, les crises avec les dispositifs habituels : il est temps de repenser nos politiques agricoles et de poser les bases d’une nouvelle politique agricole diversifiée et territorialisée.
C’est ainsi que l’on garantira un avenir et un revenu aux agriculteurs, à travers quatre mesures structurantes :
– Favoriser la mise en place de stratégies alimentaires locales et structurer les filières et outils, notamment par le maintien et la création d’abattoirs multi-espèces dans le cadre du « plan filière alimentation intelligente »
– Approvisionner durablement la restauration collective en produits durables (qualité, local..) à hauteur de 40% en 2020. Aujourd’hui 80 % de la viande consommée en restauration collective est issue de l’importation.
– Accompagner la conversion vers l’agriculture bio : 30% du lait biologique est importé.
– Prévoir un véritable plan protéines, pour accroître l’autonomie protéique des exploitations.
Brigitte Allain, députée de Dordogne et auteure du rapport parlementaire » Et si on mangeait local » présenté à l’Assemblée le 7 juillet dernier conclut : » Pour redonner de la valeur à l’alimentation, il faut croiser les logiques de filière avec les logiques de territoire. Le projet d’avenir pour l’agroalimentaire est là, à condition d’en faire une orientation globale et ambitieuse. »
Brigitte Allain, députée de la Dordogne
François de Rugy et Barbara Pompili, coprésidents du groupe écologiste
Isabelle Attard, députée du Calvados
Voir mon intervention en Commission des affaires économiques lors de la table ronde sur la filière alimentaire, la crise des filières d’élevage, le 22 juillet 2015 à l’Assemblée nationale : https://www.dailymotion.com/video/x2znouk