« Entretien : bio et circuits courts vont se faire une place dans les menus des cantines » Sud Ouest, 10/01/17
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« Adoptée par le Parlement le 22 décembre, la loi égalité et citoyenneté comporte deux amendements signés par la députée (EELV) de la Dordogne Brigitte Allain. Le premier prescrit à la restauration collective de servir 40 % de produits alimentaires « durables », dont 20 % de bio, à partir de 2020. Le second introduit l’alimentation durable dans la responsabilité sociale et environnementale des entreprises (RSE). Ces deux dispositions avaient d’abord été présentées sous forme d’une proposition de loi, votée par l’Assemblée nationale mais détricotée par le Sénat.

« Sud Ouest » Qu’entendez-vous par « alimentation durable » ?

Brigitte Allain Il s’agit de tout ce qui participe de l’ancrage territorial de l’alimentation. Les circuits courts, qui supposent l’absence d’intermédiaire entre le producteur et le consommateur, les circuits de proximité, le bio, les appellations de qualité (IGP, AOC), etc.

Si on parle d’alimentation durable pour la restauration collective à Bordeaux Métropole, on se situe logiquement à l’échelle de la région. Pour une cantine dans un village de Dordogne, c’est une proximité plus resserrée. Mais dans les deux cas, la philosophie est la même : favoriser une agriculture nourricière, préserver les terres agricoles, éviter les transports superflus et offrir des perspectives pour l’installation de nouveaux agriculteurs dans les territoires.

On ne changera pas le modèle agricole de la France avec ces seules dispositions. Mais on ira dans le bon sens.

Pourquoi fixer le terme à 2020 ?

Un tel changement se prépare. Il faut que, localement, se mettent en place les circuits qui permettront d’atteindre l’objectif. Il ne servirait à rien de faire tomber du ciel une loi inapplicable. L’horizon 2020 est raisonnable pour que l’ensemble des acteurs économiques s’organisent. Un certain nombre de chambres d’agriculture sont déjà engagées dans cette voie. Des collectivités locales également. Bordeaux Métropole, par exemple, ainsi que Lille ou la région nantaise.

Quel sera le champ d’application de la loi ?

La restauration collective couvre d’abord les cantines scolaires, les hôpitaux et les Ehpad (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes). Ce qui représente des volumes considérables au quotidien. Et de l’emploi sur les territoires, pas seulement dans l’agriculture, mais aussi dans la transformation des produits. Pour la restauration collective du privé, la loi sera également incitative puisque l’alimentation entre dans le champ de la responsabilité sociale et environnementale des entreprises. Celles-ci vont intégrer l’alimentation durable dans leurs cahiers des charges. La société est prête pour de telles évolutions. Il faut se souvenir que l’Assemblée nationale a voté à l’unanimité ces dispositions. »

Jean-Denis Renard, publié le 10/01/2017.

Une réflexion au sujet de “« Entretien : bio et circuits courts vont se faire une place dans les menus des cantines » Sud Ouest, 10/01/17

  1. Bravo ! J’ai suivi les péripéties de la proposition de loi. Son adoption est une belle avancée pour l’alimentation collective et l’essor de l’AB. Mais il reste à faire pour que ceux qui produisent une agriculture durable et de proximité soient mieux reconnus comme préservant la biodiversité et les ressources naturelles.

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