A l’APCE le 3 octobre : Mon intervention sur la Syrie
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Le soulèvement du peuple syrien est né dans le sillage  du Printemps arabe. Ce mouvement de liberté, d’exigence de dignité et de justice sociale a été réprimé dans le sang par le pouvoir dictatorial syrien. L’utilisation, jusqu’à preuve du contraire, par le régime de Bachar El Assad, de gaz chimiques contre sa population, le 21 août dernier, en violation des conventions internationales, marque un tournant dans cette guerre horrible.

Si nous devons nous réjouir de l’adoption, enfin, d’une résolution à l’ONU, la guerre est loin d’être finie et le sort des populations civiles est particulièrement inquiétant. L’immense problème des réfugiés de Syrie reste plus urgent que jamais.

Le coût humain de la tragédie syrienne est lourd depuis 2011 : 100 000 morts, 2 millions de réfugiés, et plusieurs millions de déplacés. La moitié a moins de 17 ans.

Nous sommes face à une situation humanitaire terrible et face à un risque fort de déstabilisation de toute la région. Le Liban, la Jordanie, la Turquie et l’Iraq ont fait preuve de générosité à l’égard de leurs voisins au prix de sacrifices.

Comme l’indiquait avec raison M Gutierrez, chef du HCR en début de semaine «  Le conflit en République arabe syrienne ne représente pas seulement une menace à la paix et à la sécurité globales, mais pose des problèmes structurels fondamentaux aux pays de la région. Ils sont aux prises avec d’énormes bouleversements démographiques du fait de l’afflux des réfugiés mettant à mal leur tissu social et économique ».

Est-il encore concevable de laisser ces pays supporter seuls le poids des réfugiés ? Est-il normal que sur les 17 pays qui vont partager la charge des réfugiés, plus de la moitié soient des pays en développement ? Non.

Les pays européens devraient ouvrir leurs frontières aux réfugiés syriens et prendre des engagements chiffrés pour leur venir en aide, notamment en activant la directive européenne de 2001 dite de « protection temporaire », qui permettrait d’ouvrir largement les frontières de l’Europe face à cette situation d’urgence.

Les ONG ont insisté fort justement sur la nécessité de rappeler à l’ensemble des belligérants l’impératif de respecter le droit humanitaire international et assurer l’accès des organisations humanitaires à l’ensemble du territoire syrien. D’exiger des corridors humanitaires capables d’acheminer l’aide sanitaire et alimentaire.

Enfin, les crimes graves commis en Syrie contre la population civile- avec des armes chimiques ou des armes conventionnelles- ne peuvent rester impunis. Il faut rendre justice aux milliers de victimes, le rôle de la Cour pénale internationale doit être affirmé avec force !

Alors que nous débattons, des civils meurent. L’histoire jugera le Conseil de l’Europe à son courage et son unité sur ce vote.

Brigitte Allain